Par Véronique Le Rue, professeure en philosophie à l’Université de Reims
Le discours sur le bonheur d’Émilie Du Châtelet mérite qu’on s’y attarde pour plusieurs raisons : premièrement il est une synthèse élégante de la manière dont on pouvait se représenter les passions dans la première moitié du XVIIIème siècle, suite notamment aux réflexions de Descartes ; deuxièmement il est écrit en 1746-1747 par une femme et quelle femme : non seulement la Marquise du Châtelet est une grande Dame, issue d’une famille de très vieille noblesse Le Tonnelier de Breteuil, mariée à une famille plus noble par ses filiations mais moins ancienne que celle d’Émilie : le Marquis du Châtelet, mais elle est surtout connue pour ses compétences scientifiques : la discussion qu’elle a eue avec Dortous de Mairan, secrétaire perpétuel de l’Académie Royale des Sciences de Paris, à propos des forces vives, l’a fait connaître et reconnaître du monde savant.
Et cette femme savent montre qu’elle sait réfléchir aussi bien sur l’attraction universelle que sur les affinités électives. Elle libre un opuscule tout empreint de délicatesse et de sincérité sur les moyens d’être heureux en cette vie, principalement pour les femmes par l’amour de l’étude, d’où un plaidoyer pour l’éducation des femmes qui doivent avoir accès, à légalité avec les hommes, au savoir.
Tarif : 5€