L’exposition Corps en suspension est une exposition de photographies réalisées par l’artiste Yaman Okur. Elle aura lieu dans la vitrine de la Maison d’Abraham.
Yaman Okur est un danseur de renommée internationale qui s’intéresse désormais aussi à l’art photographique.
Dans le cadre de sa résidence en territoire avec la ville de Sens, la compagnie Trafic de Styles, a mis en place l’été dernier une journée photo-chorégraphique autour du travail de Yaman Okur en résonance avec la création 1 millimètre au-dessus du sol.
L’expérience fut donc proposée en juin 2018 à un public inter-générationnel, petits et grands, amateurs ou professionnels, intéressés par la danse, le parcours, le mouvement poétique et la photographie. Accompagnés par Claire Bournet, Sébastien Lefrançois et Yaman Okur et avec la complicité d’Emmanuel Berry, le groupe, a participé à une itinérance dans la ville comme photographe ou modèle, voire les deux.
Exposition photographies Yaman Okur
Diaporama photos des participants lors de la soirée PRESQUE BIEN FICELÉ – Mardi 5 mars 2019- 20h30 au Théâtre municipal Sens.
« La vitrine de la maison d’Abraham déroule le fil d’une histoire qui chemine dans la ville, entre danse et photographie.
Ces mouvements fugaces, subitement gelés dans le temps, nous intriguent, nous séduisent et nous invitent à découvrir et partager cette forme d’art. »
Véronique Frantz, adjoint au maire en charge de la Culture et de la mise en valeur du patrimoine
Texte de Yaman Okur
La nuit du 16 au 17 août 1999
3 heures 05 du matin, à 30 km d’Istanbul, la terre a tremblé 45 secondes.
7,4 sur l’échelle de Richter : 50 000 morts… mais moi je suis vivant, le bâtiment a résisté.
Un jour, une personne me demande pourquoi je me photographie en sautant. Je n’ai pas de réponse, je sens juste que c’est un besoin au plus profond de moi.
Les jours suivants, la question raisonne toujours dans ma tête… puis un souvenir apparaît, comme un flash, je suis dans le couloir de l’appartement la nuit du tremblement de terre lorsque le sol se dérobe sous moi, et je m’imagine alors :
« Ah si je pouvais voler, je n’aurais jamais senti la terre trembler ».
Puis, tout s’éclaire ! Tout prend un sens !
Je suis un Bboy : danseur qui s’exprime essentiellement au sol.
J’ai toujours eu un amour pour la Terre. De l’avoir senti se déchirer m’a profondément fait peur mais a augmenté mon respect pour elle et une certaine crainte face à sa puissance.
D’où, la naissance de ce réflexe… de me photographier en m’élevant du sol, me figeant au-dessus de lui.
Chaque saut est un hommage à une de ces âmes qui se sont envolées cette nuit-là.
Alors je vole.