Sa construction débuta en 1130, sous l’initiative de l’archevêque Henri Sanglier. Cette cathédrale, première du style gothique, témoigne de l’audace et de l’ingéniosité des bâtisseurs du XIIe et XIIIe siècles. À cette époque, 80 grandes cathédrales gothiques furent édifiées en France, les villes rivalisant de grandeur et de beauté dans leurs constructions. Les nefs devinrent vertigineuses : 24,50 m pour Sens, 35 m pour Notre-Dame de Paris, 37 m pour Chartres, 42 m pour Amiens et 47 m pour Beauvais.
La cathédrale a été consacrée en 1164, marquant une étape cruciale dans le développement de l’architecture gothique. Elle se distingue par sa nef et son chœur, tous deux achevés avant la construction d’autres édifices emblématiques comme Notre-Dame de Paris. Son style gothique s’oppose alors à l’architecture romane, très répandue au XIIe siècle.
La construction de l’édifice a duré plusieurs siècles, avec des ajouts notables comme le transept achevé entre 1490 et 1515, et le clocher sud, finalisé seulement au XVIe siècle. En raison de son importance religieuse et architecturale, la cathédrale a exercé une grande influence, notamment lors de la reconstruction du chœur de la cathédrale de Canterbury après un incendie. Guillaume de Sens, l’un des maîtres d’œuvre de la cathédrale, a participé à ce chantier en Angleterre
La cathédrale Saint-Étienne de Sens, à travers son architecture et ses vitraux, incarne donc à la fois l’innovation technique et la profondeur spirituelle du Moyen Âge gothique. Ce monument, symbole de l’élan religieux et artistique de l’époque, continue d’émerveiller par la beauté de ses verrières et l’harmonie entre pierre et lumière.Les vitraux du croisillon nord ont été réalisés par les maîtres verriers Jean Hympe père et fils, tandis que la rosace, commandée par le doyen Gabriel Gouffier, a été créée par Jean Hympe fils et Tassin Gassot. La verrière, haute de quinze mètres, est ornée de la rosace “Concert céleste” montrant 62 anges jouant de 32 instruments, avec cinq branches surplombant cinq fenêtres illustrant des apparitions de l’archange Gabriel, patron du donateur.
L'archêque de Sens, Primat des Gaules et de Germanie
L’archevêque de Sens, en tant que Primat des Gaules et de Germanie, occupait une place centrale dans l’Église médiévale, à la fois religieuse et politique. Ce titre reflétait une primauté symbolique sur une vaste partie de la chrétienté en Gaule et en Germanie, bien que cette autorité ne fût pas toujours pleinement reconnue dans les faits. Il possédait une autorité ecclésiastique qui lui conférait un droit de préséance sur les autres évêques des provinces de Gaule et de Germanie, même si cette primauté était surtout honorifique. L’archevêque de Sens entretenait des liens étroits avec la royauté, en particulier les rois capétiens, ce qui renforçait son influence politique. Situé sur la route des sacres royaux à Reims, Sens jouissait d’une position stratégique. Son siège épiscopal, fondé probablement au IIIe siècle, était l’un des plus anciens et les conciles importants s’y tenaient parfois. Sur le plan liturgique et doctrinal, l’archevêque de Sens jouait également un rôle influent en cherchant à unifier et structurer les pratiques religieuses. Cependant, à partir du XIIIe siècle, son influence a progressivement diminué face à la montée en importance des archevêchés de Lyon et de Paris. Le titre de “Primat des Gaules et de Germanie” a perduré, mais son impact réel a décliné avec le temps.
Grand orgue de Sens
Cet orgue est l’un des plus importants de la région Bourgogne-Franche-Comté, tant par sa taille que par la richesse de ses sonorités. Sa présence remonterait à 1440 et serait initialement situé dans la nef latéral gauche avant d’être transféré dans le chœur, sur l’ancien jubé en pierre. Déplacé en 1734 sur une nouvelle tribune, après de nombreuses transformations et travaux, ce dernier, classé “monument historique” en 1973, bénéficie d’une grande restauration entre 1983 et 1991 par les facteurs d’orgue Jean-Loup Boisseau et Bertrand Cattiaux. Pierre-Adrien Plet, facteur d’orgue à Troyes, en assure actuellement l’accord et l’entretien.
Il est composé d’une console, en fenêtre, qui comporte quatre claviers manuels et un pédalier.
Hauteur : 15 mètres.
Largeur : 9 mètres.
Profondeur : 4 mètres.
Nombre de tuyaux : env. 3000