Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes et durant tout le mois de mars, redécouvrez le destin hors norme de quatre sénonaises d'exception. Une série de fabuleux destins ! Aujourd'hui, découvrez l'histoire de Suzanne Pérouse.
Quittant la quiétude des salons ouatés de la haute société, Suzanne Pérouse-Guichard rejoint le tumulte du monde réel pour se consacrer aux plus vulnérables. Héritière d’une lignée influente de Sens, elle met son intelligence et son dévouement au service de l’Union des femmes de France. Pendant la Première Guerre mondiale, elle joue un rôle central dans l’organisation des secours, coordonnant hôpitaux et refuges pour les blessés et les populations déplacées. Femme d’action et de conviction, elle laisse une empreinte indélébile dans l’histoire humanitaire française.
Un parcours familial et personnel marqué par l’engagement
Fanny Louise Suzanne Guichard, née le 6 avril 1851 à Sens, a grandi dans une famille aux racines solidement ancrées dans la politique et l’administration. Fille de Caroline Dubois et de Jules Guichard, sénateur et homme d'affaires, Suzanne Pérouse porte en elle un héritage d'action au service du bien-être public. Administrateur de la Compagnie parisienne du gaz, son père est nommé vice-président, puis président de la prestigieuse Compagnie universelle du canal de Suez. Son grand-père, Victor Guichard, est député de l'Yonne et un propriétaire terrien icaunais respecté.
En 1873, elle épouse Denis Pérouse, polytechnicien et ingénieur des Ponts et chaussées, qui va mener une brillante carrière internationale dans les chemins de fer et l’industrie. Ce haut fonctionnaire a également été conseiller général du département de l'Yonne de 1880 à 1892 et vice-président de 1889 à 1892, ainsi que conseiller d'État. Suzanne Pérouse-Guichard s’illustre par son engagement social et humanitaire. Elle devient un pilier de l’Union des femmes de France (UFF), une branche importante de la Croix-Rouge française.
Une présidence de la Croix-Rouge marquée par la guerre et l’humanisme
En 1881, Suzanne Pérouse rejoint l'Union des femmes de France, une organisation qui s'illustre par son action humanitaire pendant la Première Guerre mondiale. Elle en devient membre du conseil d'administration, dirige la commission des finances, avant d'en devenir vice-présidente puis présidente de 1906 à 1920. Sous sa direction, l’UFF devient un acteur majeur de l’assistance aux blessés et aux réfugiés, avec un réseau de 365 hôpitaux dédiés aux soldats et aux victimes de la guerre.
Sa gestion de l’UFF pendant le conflit est marquée par une organisation méticuleuse des secours, la création de trains de blessés et la mise en place d’installations pour les réfugiés. Son travail de mobilisation , sa « douce autorité » et son esprit de sacrifice la propulsent comme une figure respectée de la Croix-Rouge, pour sa capacité à organiser et à maintenir un engagement sans relâche.
En reconnaissance de son rôle essentiel durant la guerre, Suzanne Pérouse-Guichard reçoit la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1920, une distinction qui souligne son engagement. La citation qui accompagne son honneur la décrit comme "l'âme de son œuvre", une dirigeante infatigable qui a œuvré pour la victoire et le soutien des populations dévastées par le conflit.
Une femme au service des générations futures
Loin de se limiter à ses responsabilités en temps de guerre, Suzanne Pérouse-Guichard a également consacré une part importante de sa vie à la formation et à la préparation des générations futures. Elle crée l’école d’infirmières de l’UFF à Paris, qui porte son nom après son décès en 1924. Elle est également reconnue pour sa contribution au Conseil supérieur de l'Assistance publique, devenant la deuxième femme à y siéger.
Son engagement dans des causes humanitaires et sociales a marqué durablement l’histoire de la Croix-Rouge et de l’assistance publique en France, établissant des modèles de soins et de secours qui perdurent bien après sa disparition.
Un portrait par Carolus-Duran : l’image d’une grande dame
Le portrait de Suzanne Pérouse-Guichard, réalisé par l’artiste Carolus-Duran, conservé aux Musées de Sens, capture l’essence même de la dignité et de l’élégance de cette grande dame. Carolus-Duran, ami de Manet et Courbet, était renommé pour ses portraits des femmes mondaines et sa capacité à jouer avec les ombres et les lumières pour donner une profondeur unique à ses sujets. Il représente ici Mme Pérouse-Guichard dans une pose altière, vêtue d’une robe rouge, sa silhouette soulignée par un fond sombre qui contraste avec la lumière qui éclaire son visage.
Dans ce tableau, Carolus-Duran parvient à rendre la simplicité et la noblesse du personnage, accentuant son autorité naturelle et sa beauté intérieure. Le regard serein de Suzanne Pérouse-Guichard, tout en retenue, montre une femme profondément engagée dans ses idéaux, et le choix des couleurs et des formes met en lumière sa stature et son rôle dans la société de son temps.
L’héritage d’une femme d’exception
Suzanne Pérouse-Guichard reste une figure emblématique de l’histoire humanitaire française. Son parcours, marqué par des actions concrètes et un dévouement sans borne, a laissé une empreinte indélébile dans l’organisation de l’assistance aux blessés et aux populations civiles. Son portrait, comme son action, demeure un témoignage vibrant de son rôle déterminant dans l’histoire de France.
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